Zurueck

Saverio Bettinelli
(aus: Biographie Universelle Ancienne et Moderne
A. Thoisnier Desplaces, Editeur
Michaud, Rue du Hasard 15, 1843)

BETTINELLI (Xavier), l'un des littérateurs italiens les plus célèbres du 18° siècle, naquit à Mantoue, le 18 juillet 1718. Après avoir étudié sous les jésuites, dans sa patrie et à Bologne, il entra, en 1736, au noviciat de cette société. Il y fit un nouveau cours d'études, et enseigna ensuite les belles-lettres, depuis 1739 jusq'en 1744, à Brescia, où le cardinal Quirini, le comte Mazzuchelli, le comte Duranti et d'autres savants, composaient une illustre académie. Il commença à s'y faire connaître par quelques poésies composées pour les exercises scolastiques. Envoyé a Bologne pour y faire sa théologie, il continua en mème temps de cultiver son talent poètique, et fit aussi, pour le théàtre de ce collége, sa tragédie de Jonathas. Le nombre des savants et des littérateurs réunis dans cette ville surpassait de beaucoup celui qu'il avait trouvé à Brescia. L'institut récemment fondé par le comte Marsigli, l'académie Clémentine du dessin, l'école de l'astronome-poëte Manfredi, la réputation naissante de ses savants et ingénieux élèves, Zanotti, Algarotti, etc., fixaient alors sur Bologne les regards du monde littéraire. C'est au milieu de cette réunion, où il fut admis, que Bettinelli acheva son éducation, et atteignit l'age de trente ans. Il passa, en 1748, à Venise, où il alla professer la rhétorique. Il en sortit pour d'autres missions, et y retourna plusieurs fois. On voit par quelques-unes de ses épitres en vers libres, ou sciolti , qu'il y fut lié d'amitié avec tout ce que cette ville et cet Etat possédaient allors de plus illustre. Il fut destiné par ses supérieurs à la carriére oratoire; mais la faiblesse de sa poitrine le força d'y renoncer. La dîrection du collége des nobles, à Parme, lui fut confiée en 1751; il y dirigeait principalement les études poétiques, historiques, et les exercises du théàtre; il y resta huit ans; mais ce ne fut pas sans voyager dans plusieurs villes d'Italie, soit pour les affaires de sa compagnie, soit pour sa propre satisfaction ou pour sa santé. Il fit, en 1755, un plus long voyage, parcourut une partie de l'Allemagne, vint jusqu'à Strasbourg et à Nancy, et retourna par l'Allemagne en Italie, emmenant avec lui deux jeunes princes, fils ou neveux du prince de Hohenlohe, qui l'avait prié de se charge de leur éducation. Il fit l'année suivante un autre voyage en France avec l'aîné de ses deux jeunes princes, et logea, à Paris, au collége de Louis-le-Grand. Ce fut pendant ce voyage qu'il écrivit les fameuses Lettres de Virgile, et qu'elles furent imprimées à Venise avec ses sciolti et ceux de Frugoni et d'Algarotti. Les opinions, et, osons le dire nettement, les hérésies littéraires, spirituellemnt soutenues dans ces lettres contre les deux grandes lumières de la poésie italienne, et sourtout contre le Dante 1), lui firent beaucoup d'ennemis, et, ce quil y eut pour lui de plus fàcheux, le brouillèrent avec Algarotti. Voulant connaître de la France autre chose que Paris, il fit quelques excursions en Normandie et dans d'autres provinces; il alla surtout en Lorraine, à la cour du roi Stanislas, d'où il se rendit à Lyon, et de là aux Délices, pres de Genève, où il alla visiter Voltaire. Cette visite eut des particularités piquantes: on en trouve plusieurs détails dans deux articles du Publiciste (26 brumaire et 1er frimaire an 7), mais avec beaucoup d'inexactitudes 2). Par exemple, on y fait de Bettinelli un frére servite, au lieu d'un jésuite, et on le donne pour né à Vérone, tandis qu'il l'était à Mantoue. Voltaire ne l'ignorait pas, lorsqu'en lui envoyant à son auberge une édition de ses œuvres, il y joignit ce quatrain, où il faisait allusion aux Lettres de Virgile:

Compatriote de Virgile,
Et son secrétaire aujoud'hui,
C'est à vous d'écrire sous lui:
Vous avez son âme et son style.

De Genève, où il consulta Tronchin, Bettinelli se rendit à Marseille, de là à Nimes, et repassa par Gênes en Italie et à Parme, où il arriva en 1759. La mème année, il fit un voyage à Venise, et de là à Vérone , avec intention de s'y fixer. Il y resta jusqu'en 1767; ayant repris les travaux de la prèdication et de l'enseignement, il convertissait la jeunesse, dit le chevalier Pindemonte dans ses Poesie campestri, à Dieu dans l'église, et au bon goût dans sa maison. Il était depuis quelques années à Modène,et il venait d'y ètre nommé professeur d'eloquence, lorsqu'en 1773, l'ordre des jésuites fut aboli en Italie. Alors il retourna dans sa patrie, où il reprit ses travaux littéraires avec une nouvelle ardeur. Il y publia plusieurs ouvrages; et regrettant, à ce qu'il paraît, d'avoir tant écrit dans sa vie, sans avoir pu jusqu'alors rien écrire pour plaire aux femmes, probablement à cause de l'habit qu'il portait, il s'en dédommagea en publiant de suite sa correspondance entre deux dames, ses lettres à Lesbie sur les epigrammes, ses lettres sur les beaux-arts, et enfin ses vingt-quatre dialogues sur l'amour. Il venait de les publier, en 1796, quand la guerre éclata de toutes parts en Italie, et quand le siége mis par les Français devant Mantoue l'obligea d'en sortir. Il se retira a Verone, et s'y lia de l'amitié la plus intime avec le chevalier Hippolyte Pindemonte, malgrè la disproportion d'âge qui existait entre eux. En 1797, lorsque Mantoue se fut rendue, il y retourna, et, quoique presque octogénaire, il reprit ses travaux et sa manière de vivre accoutumée. Il commença, en 1799, une édition complète de ses œuvres, qui ne fut terminee que deux ans après: l'abbate Bettinelli, Opere edite ed inedite, in prosa ed in versi, Venise, 1801, 24 vol. in 12. Parvenu à l'àge de quatre-vingt-dix ans, il conservait encore sa gaietè et la vivacitè de son esprit; enfin, le 13 septembre 1806, après quinze jours de maladie , il mourut avec la fermeté d'un philosophe et tous les sentiments d'un homme religieux......."

Mantoue se fut rendue, il y retourna, et, quoique presque octogénaire, il reprit ses travaux es sa maniére de vivre accoutumée. Il commença, en 1799, une édition complète de ses oeuvres, qui ne fut terminee que deux ans aprè: l'abbate bettinelli, Opere edite ed ineditwe , in prosa ed in versi, Venise, 1801, 24 vol. in -12. Parvenu à l'àge de quatre-vingt-dix ans, il conservait encore sa gaieté et la vivacité de son esprit; enfin, le 13. septembre 1808, apres quinze jours de maladie, il mourut avec la fermeté d'un philosophe et tous le sentiments d'un homme religieux. Il serait trop long de donner la liste de tous ses ouvrages, et d'en spécifier les editions séparées; il suffira de les indiquer dans l'ordre où il les a placés lui-même dans cette dernière édition ....."

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1) L'auteur del'Enfer est comparé, dans ces lettres, au vieil Ennius.

2) L'auteur de ces articles était Suard, qui les avait déjà inséres dans ses Mèlanges de littérature, t. 1er. Barbier, dans son Dictionnaire des anonymes, reproduit l'erreur de Suard, qui avair fait de Bettinelli un religieux servite.